Né en 1943 dans une famille modeste, rien ne prédisposait Lech Walesa à la lutte. A 24 ans, il est recruté aux chantiers navals Lénine de Gdansk. Les Polonais subissent une profonde crise sociale et économique. Les pénuries marquent le quotidien. Des troubles éclatent dans le milieu ouvrier et, principalement, dans les ports de la Baltique. En décembre 1970, Lech Walesa participe au comité de grèves puis est arrêté. Il signe « une déclaration de loyauté » au régime pour être relâché en 1971.
Elu délégué syndical, il mesure l’impossibilité à agir dans les syndicats asservis au régime communiste. Lech Walesa prend la tête du mouvement de grève qui éclate le 14 août 1980 dans les chantiers navals de Gdansk en soutien à Anna Walentynowicz. Le licenciement de cette dernière quelques jours auparavant met le feu aux poudres. Ensemble, ils créent le mouvement Solidarnosc (Solidarité) avant de devenir son leader charismatique.
Au cours des mois suivants, le syndicat organise des branches dans tout le pays et tous les secteurs d’activités. Il recrute jusqu’à 8 millions d’adhérents, phénomène sans précédent dans le monde communiste où les syndicats dépendent totalement du régime. Bénéficiant du soutien de l’Église catholique, des intellectuels du comité de défense des ouvriers, Solidarnosc négocie avec le régime un programme en 21 points.
Les principales revendications des travailleurs de Gdansk sont (extraits du programme en 21 point du Comité de grèves inter-entreprise, août 1980) :
- Le droit de fonder des syndicats libres, indépendants du Parti et des employeurs
- Le droit de grève
- Le respect de la liberté d’expression et de publication
[…]
En position de force, Solidarnosc signe en août 1980 les Accords de Gdansk avec Edward Gierek. Ils prévoient des augmentations de salaire, une semaine de travail de cinq jours, le droit de grève et celui de constituer des syndicats libres. Le 9 novembre 1980, le régime communiste polonais reconnaît le syndicat libre Solidarnosc. Cette expérience ne dure pas. Le général Jaruzelski, successeur de Gierek, y met fin en décrétant la loi martiale en décembre 1981. Walesa est arrêté et incarcéré puis placé en résidence surveillée. Solidarnosc est interdit. Des milliers de syndicalistes sont arrêtés. Aussi courte fut-elle, cette expérience constitue une étape décisive dans le processus de « sortie du communisme ». Dans les années qui suivent, Solidarnosc se reconstruit dans la clandestinité, aidé en cela par de nombreux appuis extérieurs. Lech Walesa reçoit, en 1983, le prix Nobel de la paix. La notoriété de l’organisation s’accroît considérablement.
La situation économique et sociale du pays ne cesse de se dégrader. En 1988, le régime, sous l’influence aussi de la Perestroïka conduite par Mikhaïl Gorbatchev, entame des discussions avec Solidarnosc. En avril 1989, le général Jaruzelski résigné aux réformes et Lech Walesa se retrouvent autour de la « Table ronde » qui scelle la fin de la Pologne communiste. Le 4 juin 1989 sont donc organisées les premières élections semi libres de Pologne depuis 1939. Solidarnosc triomphe dans les urnes. C’est la première étape de l’effondrement du bloc soviétique.
Lech Walesa est élu président de la République en 1990 succédant ainsi au général Jaruzelski. Il est battu aux élections présidentielles de 1995. Il se retire peu à peu de la vie publique.