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Charles-Gabriel Tellier (1922-1944)

Jeune homme engagé dans les Francs-Tireurs et Partisans de la Somme, Charles-Gabriel Tellier poursuit la lutte en Deux-Sèvres où il est abattu à la Girardière d’Azay-sur-Thouet le 13 juin 1944.

De la Somme aux Deux-Sèvres

Né à Pendé (Somme), Charles-Gabriel Tellier a 17 ans à la déclaration de guerre en 1939. À cette date, il est placé dans une famille d’accueil à Lanchères (Somme) comme ouvrier agricole. Convoqué au titre du Service du travail obligatoire en 1942, il décide de rejoindre des amis déjà engagés dans la Résistance dans les rangs des Francs-Tireurs et Partisans (FTP). Il devient « Bernard » dans la clandestinité. Responsable de secteur, il multiplie avec ses hommes les actions de sabotage contre les intérêts allemands. Le plus spectaculaire est celui commis à Chépy-Valines au sud d’Abbeville contre un convoi de permissionnaires allemands.
Surpris par des agents des services répressifs au cours d’un rendez-vous clandestin à Saint-Valéry-sur-Somme, décision est prise par son responsable de le transférer dans l’interrégion 29 (Vienne, Deux-Sèvres, Vendée, Loire-Atlantique et Maine-et-Loire). Devenu Henri Delcroix, il arrive à Azay-sur-Thouet en Deux-Sèvres en avril 1944.  

 

Derrière les murs du café…

Depuis le café de Valentine Germain situé à la Girardière où il est hébergé, il poursuit la lutte contre l’occupant aux côtés des FTP deux-sévriens. La chaîne humaine – dont l’une des chevilles ouvrières est M. Martineau, instituteur dans la commune - assure à Azay-sur-Thouet des complicités indispensables pour la cache, l’hébergement, le ravitaillement et la fourniture de faux-papiers. À la Verdoizière d’Azay-sur-Thouet, Gustave et Nadia Avisse sont hébergés dès leur arrivée en février 1944 jusqu’à leur départ pour Paris en mai. Ce sera ensuite au tour de Joseph Daguenet arrivé dans la région pour prendre la suite de Gustave Avisse. Valentine Germain est un soutien pour tous.

Depuis sa planque, Charles-Gabriel Tellier sillonne le territoire pour multiplier les actions de sabotage. Il seconderait Marcel Chassagne alias « Constant », responsable politique de l’interrégion 29.

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© Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

 

La redoutable traque de la SAP

La 22e brigade de la SAP dirigée par le commissaire Rousselet à Poitiers poursuit ses investigations pour identifier les auteurs des nombreux sabotages commis en 1943 et au cours du premier semestre 1944 dans les départements de la Vienne et des Deux-Sèvres. Ce service, d’une grande efficacité et aux méthodes redoutables, multiplie les arrestations. De renseignements en renseignements extorqués sous la torture, ils réussissent à identifier « Constant ». Suite à l’arrestation de Joseph Daguenet, les officiers de la SAP font irruption le 12 juin 1944 dans le restaurant situé à Parthenay où dîne Marcel Chassagne. Il est immédiatement arrêté et transféré à Poitiers, à la prison de la Pierre Levée pour subir des interrogatoires. Le lendemain matin, ignorant les événements survenus la veille, Charles-Gabriel Tellier quitte sereinement le café de Valentine Germain pour accomplir sa mission : saboter un convoi allemand au passage à niveau La Maladrerie à Parthenay. De retour dans la matinée, il retrouve Valentine Germain dans son café. À 15h30, les services de la SAP font irruption à la Girardière d’Azay-sur-Thouet. Leur objectif est de perquisitionner « la planque » pour trouver une sacoche et une valise. Les apercevant depuis l’intérieur du café, Charles-Gabriel Tellier s’esquive derrière la porte de la maison. Valentine Germain reste seule. Les hommes de la SAP l’interrogent et la violentent. Sachant que des documents compromettants peuvent être découverts, Charles-Gabriel Tellier fait diversion en tirant deux coups de feu en l’air puis s’enfuit en direction du Thouet. Surpris, les hommes de Rousselet l’abattent quelques mètres plus loin, sur les rives de la rivière. Son corps est transporté dans une brouette à fumier jusque dans le jardin de Valentine Germain. Reprenant la perquisition, ils découvrent des faux-papiers et des vêtements ayant appartenu à Nadia Avisse. Malgré la brutalité de l’interrogatoire, Valentine Germain nie connaître l’origine de ces effets. L’intervention de M. Jarriault (maire d’Azay-sur-Thouet) et d’un gendarme de la brigade de Secondigny réussit à la faire passer pour une simple d’esprit. Elle est laissée libre. Marcel Chassagne meurt sous la torture le 25 juin suivant. Joseph Daguenet, condamné à mort, est fusillé sur le champ de Biard près de Poitiers le 4 juillet 1944.

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Valentine Germain et ses trois enfants devant le café.

© Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes


De vibrants hommages

Le corps de Charles Gabriel Tellier sera inhumé le lendemain dans le cimetière communal sous sa fausse identité : Henri Delcroix. Sa véritable identité ne sera connue qu’un an plus tard. De vibrants hommages lui sont rendus le 1er novembre 1944 puis le 13 juin 1945. Un monument funéraire est érigé dans le cimetière communal. 

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Hommage à Charles-Gabriel Tellier, 13 juin 1945.

© Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes





Charles-Gabriel Tellier © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes
Charles-Gabriel Tellier © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

En savoir plus

Archives du Conservatoire de la Résistance et de la déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes
Archives départementales de la Vienne
Archives de Camille Rossard
Le Maîtron, notices de Gustave et Nadia Avisse.
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