Née à Paris en 1925, Ginette Mars passe son enfance dans le XIIIe arrondissement. Ses parents acquièrent en 1938 une maison à Sainte-Néomaye (Deux-Sèvres) pour y séjourner loin du tumulte parisien.
Âgée de 17 ans et demi en février 1943, elle rejoint les rangs des Francs-Tireurs et Partisans de la capitale dans le groupe « Michel ». Elle devient Claudette Vaillant. Elle agit principalement dans les Ve, XIIIe et XIVe arrondissements. Ses missions sont nombreuses et périlleuses :
Tract (recto/verso) certainement dactylographié par Claude Vaillant © Fonds Ginette Mars – Centre Régional « Résistance & Liberté »
Avec sa mère, elle rejoint le Poitou le 6 juin 1944. Leur arrivée à la gare de Poitiers se fait sous les bombes. Elles s'installent à Sainte-Néomaye. Son père, agent de police de la préfecture de police de Paris, est quant à lui resté à Paris où il poursuit la lutte clandestine. En août 1944, il participera à l'occupation de la préfecture de police de Paris pendant l'insurrection parisienne.
En Deux-Sèvres, Claude Vaillant se place sous les ordres du colonel Robin, commandant des Francs-Tireurs et Partisans en Deux-Sèvres. Agent de liaison dans un premier temps de ce dernier, elle devient rapidement secrétaire du chef départemental des FTPF. De juin à septembre 1944, elle multiplie les actions :
À la libération du département des Deux-Sèvres le 6 septembre 1944, elle s'engage dès le lendemain dans l'armée régulière. Elle rejoint la caserne Largeaud à Niort. D'octobre 1944 à mai 1945, elle intègre les Forces françaises de l'Atlantique (oct. 1944 à mai 1945). Le 1er décembre 1944, elle est affectée à la compagnie de quartier général de l'État major des Forces françaises de l'Aunis commandées par le colonel Chêne en qualité de secrétaire de ce dernier. Elles séjournent à Saint-Jean d'Angély, Surgères, et Forges d'Aunis en fonction des lieux d'implantation du Quartier général du colonel Chêne.
Lettre de remerciement d'une famille
dont elle est marraine de guerre,
mai 1944. © Fonds Ginette Mars –
CRRL
Outre ses tâches inhérentes à sa mission de secrétaire, Claudette Vaillant s'investit pleinement dans le journal des Forces françaises de l'Aunis La Digue dont le premier numéro paraît le 6 décembre 1944. Chaque semaine elle tient la chronique Le coin de Claudette où, comme marraine, elle soutient le moral des troupes et s'affirme comme un relais entre les soldats du front et leur famille. Sans conteste, à lire les lettres adressées par les soldats à Claudette, ce soutien leur est indispensable. Elle assure le lien épistolaire avec les familles de soldats tués ou blessés au front et organise la solidarité pour les troupes venant de Dordogne, Vendée, Creuse, Deux-Sèvres et Charente. Dans son attestation du 28 janvier 1946, le colonel Chêne réaffirme les qualités soulignées : a contribué de toutes ses forces et tout son dévouement à l'amélioration du bien-être matériel et moral des combattants, a visité fréquemment les troupes sur les lignes de combat
Extraits de La Digue, mars 1945.
© Fonds Ginette Mars – Centre Régional « Résistance & Liberté »
Enfin, elle assiste aux pourparlers de la reddition de l'armée allemande aux côtés du colonel Chêne. Ce dernier n'hésitera pas à lui remettre la dague d'honneur du IIIe Reich qu'il reçu de l'amiral Schirlitz, commandant la forteresse de La Rochelle.
Bien que les sollicitations soient nombreuses pour qu'elle poursuive son engagement dans l'armée française, elle se retire le 30 mai 1945 et reprend une vie civile où ses engagements seront nombreux.
Extrait du motif de citation à l'ordre de la Croix de guerre, 10 janvier 1947 :
[…] modèle de dévouement féminin, fortement imprégnée des plus purs sentiments patriotiques, prête en toutes circonstances à verser son sang pour la noble cause de la libération. N'a cessé pendant la période insurrectionnelle de manifester un cran et une audace peu communs, forçant l'admiration de tout ceux qui l'ont approchée. Secrétaire du chef départemental des FTP a rendu les plus signalés services en cette qualité, ne dédaignant pas de participer, les armes à la main, à la lutte contre l'occupant et se distinguant en particulier dans la nuit du 12 au 13 août 1944 à la Crèche où armée d'une mitraillette elle a protégé le travail d'un groupe de sabotage qui a donné d'excellents résultats.