Si les principales villes de la région Poitou-Charentes sont libérées en septembre 1944, que le front s'éloigne vers l'Est au fur et à mesure de l'avancée des Alliés depuis le débarquement sur les plages normandes en juin 1944, des poches de résistances allemandes se constituent sur la façade atlantique. La poche de La Rochelle couvre 400 km². Après celle de Lorient, elle est, en troupes allemandes, la plus importante avec 17 000 hommes placés sous le commandement de l'amiral Schirlitz depuis le 20 août 1944.
Des négociations commencent entre le capitaine de frégate Meyer, émissaire du Gouvernement provisoire de la république française et représentant les autorités militaires françaises et l'amiral Schirlitz. En octobre 1944, les belligérants concluent un accord visant à protéger les populations civiles, à garantir le respect des devoirs de la guerre et à délimiter deux zones derrières lesquelles chaque partie devra se limiter incluant en son centre un no man's land. L'objectif principal est de préserver La Rochelle et le port de La Pallice de toutes destructions. De surcroît, la convention rend possible le ravitaillement des populations civiles.
Depuis la libération des départements des Deux-Sèvres, Vienne et Vendée, les volontaires sont appelés à s'engager dans l'armée régulière pour défaire l'armée du IIIe Reich. En Deux-Sèvres, sous le commandement du colonel Edmond Proust, le 114e Régiment d'infanterie reconstitué le 1er octobre 1944, est déployé sur le front de La Rochelle dans le second sous-secteur du front dont le quartier général est installé à Damvix en Vendée. Les régiments de l'armée régulière engagés dans la poche de La Rochelle constituent les Forces françaises de l'Aunis placées sous le commandement du colonel Bernard Chêne. Ce dernier commandait dans la clandestinité les maquis de l'Armée secrète pour le Sud-Vienne puis fut nommé à partir du 7 juin 1944 chef des Forces françaises de l'intérieur pour la Vienne. Son quartier général fut installé dans un premier temps à Saint-Jean-d'Angély puis à Surgères. Pour soutenir le moral des soldats engagés sur le front de La Rochelle et les informés de l'évolution des combats, est créé le journal hebdomadaire La Digue dont le premier numéro paraît le 6 décembre 1944.
La remise du drapeau – 7 mai 1945 à Saint-Jean-d'Angély : à l'arrière plan, le colonel Edmond Proust et le colonel Chêne © Fonds Ginette Mars – Centre Régional « Résistance & Liberté »
Le 12 avril 1945, le général de Larminat (commandant des forces françaises de l'Atlantique) dénonce la convention signée quelques-mois plus tôt. En réaction, l'amiral Schirlitz informe le capitaine de frégate Meyer qu'il détruira les installations portuaires de La Pallice. Meyer le convainc de ne pas mettre son plan à exécution. La confiance qui unit les deux hommes évite les destructions massives et les actes meurtriers. Les combats s'engagent pour la libération de la ville. C'est l'opération Mousquetaires visant à conduire des actions de diversion et resserrer la pression autour de La Rochelle. L'opération est un succès. À la fin de la première semaine de mai, les combats cessent sur le front de La Rochelle laissant place aux négociations préliminaires à la reddition allemande.
Les troupes du colonel Chêne entrent dans La Rochelle le 8 mai, jour de la capitulation de l'Allemagne nazie que lui remet l'amiral Schirlitz. L'acte de reddition est signé le 9 mai 1945.
Dague d'honneur du IIIe Reich de l'amiral Schirlitz remise au colonel Chêne le jour de la capitulation. En remerciement des services rendus par Ginette Mars, alias Claudette Vaillant, ce dernier lui donne cette dague à la libération.
© Fonds Ginette Mars – Centre Régional « Résistance & Liberté »