Mobilisé dès la déclaration de la Seconde Guerre mondiale le 2 septembre 1939, puis fait prisonnier à Pargues (Aube) au cours des combats de mai-juin 1940 déclenchés par l’offensive allemande, il est libéré en août 1941 en tant qu’ancien combattant de la guerre 1914-1918. C’est animé d’une forte volonté de participer au combat pour la libération de son pays qu’il rentre à Perré et crée en 1942 un groupe résistant autonome recruté dans le monde enseignant et mutualiste. En mai 1943, il intègre le mouvement de Résistance Organisation civile et Militaire (OCM) dont il devient responsable départemental en août 1943, après une succession d’arrestations décimant en Deux-Sèvres les cadres de ce mouvement de Résistance. L’unification des forces de la Résistance intérieure dans l’Armée secrète le conduit à en assurer la direction départementale puis régionale dès janvier 1944 suite à l’arrestation du général Faucher (Libé-Nord). Les Alliés le désignent chef des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) en août 1944 pour le département.
Soucieux de ne pas mettre inutilement sa mère en danger, Proust l’emmène fin décembre chez sa nièce, institutrice retraitée à Exoudun, où elle a l’habitude parfois de séjourner. Proust a également pensé à trouver un refuge pour lui-même et son épouse. En revenant d’Exoudun, avec son fils, il fait un crochet par La Bidolière où réside son camarade Gaston Brangier, ancien combattant 1914-1918 grièvement blessé à Verdun décoré de la Légion d’Honneur sur le champ de bataille. Les sentiments de Brangier envers l’occupant ne font aucun doute mais les séquelles de sa blessure (un éclat d’obus est demeuré dans un poumon) ne lui permettent que peu d’activité physique. Mis au courant du début de la visite de Proust, lui même et son épouse acceptent sans hésiter d’accueillir le ménage Proust et de le cacher le temps qu’il faudra. Le beau-frère Lucien Tascher, épicier à la Paillanderie de Saint-Maixent pouvant éventuellement faciliter les liaisons avec l’extérieur. La Bidolière est très retirée, nous n’avons pas d’enfant, pas davantage de neveu ou nièce, venez quand vous voudrez, la maison vous est ouverte.
De retour à l’école de Perré, Proust continue de prendre des mesures de prudence, lui-même et son épouse cessent de dormir à la maison d’école et passent leurs nuits chez des amis, les Lacroix, du village de Perré proche de l’école.
En janvier 1944, l’ordre de bataille de l’Armée secrète des Deux-Sèvres et le relevé des moyens, bien maigres, dont elle dispose sont fournis au délégué militaire régional, Claude Bonnier (Hypothénuse) et des parachutages sont instamment demandés. Mais le 29 janvier, le Général Faucher est arrêté. Le 8 février c’est le tour d’Hypothénuse et de plusieurs membres de son État Major.
Le 18 février, c’est l’état Major des Deux-Sèvres qui est à son tour frappé, Chichéry et Lallemand (1er bureau), Renhas (2ème bureau), Papot (4ème bureau) et Proust, chef des liaisons, le docteur Laffitte, chef du service de santé clandestin sont arrêtés. Proust (Gapit) glisse entre les mains des policiers Allemands : venant du hameau de Perré où Lina est restée chez les Lacroix, il est arrivé au petit jour. Il a constaté que tout était en ordre, les mouchards posés, la veille, sur la barrière d’entrée étaient intacts. Il est entré dans la maison a déposé sa serviette (rien de compromettant n’est dedans) sur la table de la cuisine, et allumé le feu dans la cheminée. Mais, toujours aux aguets, il lui semble entendre des bruits anormaux. Il jette un coup d’oeil à l’extérieur, par la cour de récréation et aperçoit des voitures noires arrêtées devant la barrière, d’où sortent des civils donnant des ordres à des militaires Allemands qui descendent d’un camion. Sans plus attendre, il traverse la cour à l’abri des murs et s’enfuit dans la campagne derrière l’école. Après un grand détour, il arrive à Perré prévient Lina, et les Lacroix et repart par la vallée... Il se réfugie chez des parents d’élèves, les Rossignols de la Tine de Verrières (commune de Saivres) d’où il ne partira qu’à la nuit tombée pour rejoindre la Paillanderie, chez Tascher, puis la Bidolière. Il y retrouve Lina qu’un ami complice, Louis Morisset, a ramené en voiture à cheval.
Proust s’installe dans la clandestinité et poursuit sa mission sous le pseudonyme de Chaumette, mais il n’y aura à La Bidolière aucune réunion clandestine, aucune visite inhabituelle, l’action secrète se déroulant à l’école de Sainte-Eanne, chez les Marsteau où Chaumette se rend de nuit par les chemins de campagne. Il reste cloîtré dans le logis de La Bidolière ne paraissant absolument pas dans la journée, toujours prêt, en cas de danger à sauter par la fenêtre dans le bois qui jouxte le logis. Même les fermiers tout proches ne se sont jamais douté de sa présence.
Quant à Lina, elle est devenue Madame Aperce, une amie réfugiée de la Rochelle. Pour accréditer la thèse de la fuite en Angleterre, la radio de Londres passe vers la fin février le message suivant : " Obterre et Lina bien arrivés. Bon courage à tous, à bientôt ". A-t-il contribué à ce que tout se passe sans incident par la suite ? C’est en tout cas, ce qui s’est heureusement produit jusqu’à la libération
- Archives du Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes
- Chaumet M., Pouplain J-M., La Résistance en Deux-Sèvres 1940-1944, Geste éditions, La Crèche, 2010