Centre Régional Résistance & Liberté

L'aide aux aviateurs Alliés

Avec l'intensification des opérations aériennes alliées visant la neutralisation et la destruction de sites militaro-industriels allemands, le nombre d'aviateurs Alliés (Anglais, Américains, Canadiens, Polonais, etc.) tombé au cours de ce type de mission sur le sol français ne cesse de croître. Sur le sol français, la Résistance s'organise pour leur venir en aide.

L'exfiltration des aviateurs Alliés depuis les Deux-Sèvres

La proximité avec la façade Atlantique, espace de nombreux combats navals et aériens entre forces alliées et allemandes, conduit sur le sol deux-sévrien des aviateurs alliés pris en charge par des groupes ou individus actifs en Vendée, Charente ou Charente-Maritime. À la recherche d’un lieu de refuge et d’hébergement, d’un réseau ou organisation pour assurer leur évacuation vers l’Angleterre via l’Espagne et poursuivre le combat, ces aviateurs, dans leur grande majorité, sont pris en charge par le mouvement Résistance [6]. Ce mouvement structure la principale filière d’évasion traversant le département des Deux-Sèvres selon un axe Nord-Sud (Niort / Parthenay / Airvault / Irais) pour rejoindre ensuite la péninsule ibérique via Saint-Pierre des Corps, Vierzon et Toulouse.

Carte parcours des aviateurs © CRRL

Parcours des aviateurs américains de mars à août 1944 (d’après le témoignage d’Elise Giroux) © CRRL

Vivre caché

Le témoignage d'Élise Giroux [7] et celui de Robert Guy nous montrent quel était le quotidien de ces familles dévouées à la protection de ces hommes et ce malgré la veille des forces d'Occupation. Des déplacements fréquents sont nécessaires afin d'éloigner les soupçons et échapper aux patrouilles ou aux dénonciations.

La prise en charge d'aviateurs anglais à Irais chez M. Hullin

Extrait du témoignage écrit de Robert Guy, Archives du Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

 « Au mois de Mars 1943, M. Despierre, de Noizé, recueille deux aviateurs anglais William Spittal et Charles Leed, qui, abattus en Bretagne, cherchent à gagner l’Espagne. C’est M. Hullin qui se voit charger de les loger, en attendant que l’on puisse les faire passer en Angleterre.

Le gendarme Couloume connaît l’adresse d’un passeur à Pau, mais il lui faut un congé pour pouvoir y conduire les aviateurs alliés. Cela va offrir au petit groupe l’occasion d’élargir le champs de ses relations et d’augmenter le nombre de ses membres.

Une jeune fille, Mademoiselle Denise Baudet, réussit grâce au capitaine Sanseau, de Saint-Maixent-l’École, à prendre contact avec le lieutenant Bernard, commandant la section gendarmerie de Parthenay, résistant lui-même dans son secteur, et à obtenir pour Couloume le congé nécessaire. Par la même occasion une liaison s’établit entre le lieutenant Bernard et le groupe d’Irais.

M. Omer Hullin et ses deux aviateurs, Irais mai 44 © Conservatoire de la Résistance Deux-Sèvres [8]C’est finalement M. Hullin qui convoie les deux aviateurs jusqu’à Pau où le tuyau se révèle mauvais. Omer Hullin fait alors passer les deux aviateurs derrière la ligne de surveillance allemande et les laisse dans la montagne à Peyrehorade. Le voyage devait bien se terminer, des nouvelles reçues depuis la libération l’attestent. »

M. Omer Hullin (à gauche) et deux des aviateurs alliés qu’il a caché chez lui à Irais (mai 1944) © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

 

Pas toujours facile de rester caché…

Georges Hunt et Rudy Gabrys, Irais mai 1944 © Conservatoire de la Résistance Deux-Sèvres [9]« Le Lundi de Pâques, quatre aviateurs américains cachés chez Madame Bineau à Irais, sortent dans la cour de la maison et sont vus par une voisine. Bientôt le bruit se répand que Madame Bineau cache des réfractaires. […] Ils sont déplacés dans une ferme à Boisdub près de Saint-Jouin-de-Marnes chez Monsieur Cochard. Mais un jour où Madame Cochard leur avait laissé une bouteille d’eau de vie, ils s’enivrent, échangent des coups de poings et deux d’entre eux quittent la ferme. On les retrouve le lendemain couchés au pied du pallier de M. Minot à Douron, heureusement dans le secret. .

 

Malgré les risques encourus, les aviateurs américains Georges Hunt et Rudy Gabrys s’accordent quelques moments de détente (Irais - mai 1944) © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

 

aviateurs Alliés exfiltrés par la fillière dIrais avant leur retour en Grande Bretagne © Conservatoire de la Résistance Deux-Sèvres [10] 

Aviateurs alliés ayant bénéficié de la filière d’évasion des Deux-Sèvres, Irais, 1944 (avant leur retour en Grande-Bretagne) © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

 

La répression : les risques encourus par les sauveteurs

Porter assistance aux aviateurs alliés présents sur le sol français expose le sauveteur à une âpre répression orchestrée par les services allemands dont les moyens d’action s’intensifient entre 1940 et 1944. Une circulaire allemande datée de 1942 affirme que la police et la gendarmerie française doivent être sollicitées pour la recherche de parachutistes fugitifs. Le quadrillage du territoire se resserre. Outre l’étroite collaboration exigée des services répressifs français, l’occupant incite la population à la délation en promettant contre toute information la libération d’un proche prisonnier en Allemagne ou une récompense financière. Élise Giroux sera victime de ce procédé heureusement sans suite. En avril 1944, une lettre anonyme adressée aux services de la Gestapo de Niort dénonce les actions de sauvetage menées dans la ville de Chef-Boutonne auprès d’aviateurs américains et révèlent le rôle d’Élise Giroux dans l’organisation. Cette missive est interceptée, ses effets restent donc sans suite pour le groupe de Chef-Boutonne.

Affiche répression sept.1941 © Conservatoire de la Résistance Deux-Sèvres [11] Les concours de circonstance bienveillants pour les sauveteurs ne sont pas toujours au rendez-vous. À Celles-sur-Belle, la menace se resserre autour d’Émile et Léonie Laurant. Les aviateurs ayant trouvé refuge à leur domicile sont déplacés avant l’arrivée des services allemands. Leurs protecteurs, arrêtés le 30 mars 1944, sont déportés sans retour. Émile Laurant meurt dans le camp de concentration de Mauthausen [12] le 28 décembre 1944. Son épouse disparaît dans l’univers concentrationnaire.

Affiche du  Militärbefehlshaber (Haut Commandement des forces d’Occupation en France), 22 septembre 1941 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

 

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