Centre Régional Résistance & Liberté

Les élections de 1945

À la libération, la reconstruction politique s'amorce. Les premières élections sont organisées en avril 1945. Pour la première fois, les femmes votent.

Les élections de 1945

Pluralisme politique et libre expression, essence même de la démocratie, marquent le retour de la légalité républicaine. Les voix discordantes des partis politiques français, oscillant entre tradition politique française et progrès, s'affirment dans la société. L'unité de circonstance opérée au sein du Conseil National de la Résistance s'effrite.

Marquées par le sceau de l'autoritarisme, les quatre années d'occupation transforment le paysage politique français et provoquent une profonde remise en cause des institutions. Le débat est lancé, la parole redonnée au peuple. Une parole élargie : pour la première fois en France, les femmes acquièrent ce droit fondamental qu'est le droit de vote (Art. 17 de l'ordonnance du 21 avril 1944 prise à Alger par le Comité Français de Libération Nationale).

Élections municipales (29 avril et 13 mai 1945), élections cantonales (23 et 30 septembre 1945) et élections législatives (21 octobre 1945) rythment l'année 1945.

Affiches électorales du 21 octobre 1945, Niort, illustrant le retour du pluralisme dans la vie politique française © Archives Départementales des Deux-Sèvres [5]   Affiches électorales du 21 octobre 1945, Niort, illustrant le retour du pluralisme dans la vie politique française © Archives Départementales des Deux-Sèvres [6]

Affiches électorales du 21 octobre 1945 illustrant le retour du pluralisme dans la vie politique française
© Archives Départementales des Deux-Sèvres

Les élections municipales

Les échéances électorales municipales, prévues les 29 avril et 13 mai 1945, réaniment à l'hiver 1945, l'activité politique. Outre les forces politiques d'avant-guerre (Parti Communiste Français, Section Française de l'Internationale Ouvrière, Parti Radical), la scène politique française doit désormais compter avec le Mouvement Républicain Populaire créé en 1944.

La campagne électorale est vive entre ces différentes formations politiques, chacun conduisant son propre programme pour le renouvellement politique de la France. Quels seront les choix des électeurs au terme de ces quatre années de silence forcé ?

Les résultats des élections municipales manifestent le succès incontestable des forces issues de la Résistance : seul 1/4 des conseillers municipaux provisoires, candidats au printemps 1945, sont évincés.

Graphique des élections municipales de 1945 en Deux-Sèvres

Le rapport de force entre droite et gauche existant avant-guerre n'est pas profondément bouleversé. Si les principales villes du département glissent à gauche (Niort se choisit un maire socialiste, entouré entre autre de deux adjoints communistes ; Thouars et Melle, villes traditionnellement progressistes confirment les socialistes à leur tête ; Saint Maixent, Parthenay et Bressuire, villes de tradition plus conservatrice, font le choix du radicalisme), les zones rurales maintiennent leur vote d'avant-guerre en s'orientant vers les conservateurs.

Une inflexion vers les socialistes et les communistes est perceptible à l'issue du printemps 1945 à l'échelle départementale mais nous n'assistons pas dans les suffrages exprimés à un net glissement à gauche.

Le droit de vote accordé aux femmes en France

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­­Extrait du Courrier de lOuest daté du 30 avril 1945 © Archives Départementales des Deux-Sèvres [8]

Extrait du Courrier de l'Ouest
daté du 30 avril 1945 © Archives
Départementales des Deux-
Sèvres

Revendiqué au lendemain de la Révolution Française, plus de 150 années de lutte sont nécessaires pour que les femmes acquièrent ce droit fondamental.

Tandis que 21 pays l'accordent en 1919, il faut attendre l'ordonnance du 21 avril 1944 (Art. 17) prise par le CFLN à Alger pour que "les femmes françaises résidant en métropole soient électrices et éligibles dans les même conditions que les hommes".

L'État reconnaît leur dimension sociale et leurs sentiments patriotiques.

Elles s'expriment pour la première fois lors des élections municipales d'avril-mai 1945 !     


L'élection d'une assemblée constituante : 21 octobre 1945

Le Comité Français de Libération Nationale (CFLN), par l'ordonnance du 21 avril 1944, déclare que le "peuple Français décidera souverainement de ses futures institutions" par l'intermédiaire d'une assemblée constituante élue au suffrage universel. Tel est l'objet de la première question posée aux Français lors du référendum le 21 octobre 1945 : "Voulez-vous que l'Assemblée élue ce jour soit constituante ?" Le souhait d'un changement de République est confirmé par 95 % des votants deux-sévriens (96 % à l'échelon national). Les Deux-Sévriens se prononcent à une très forte majorité (78% contre 66 % à l'échelle nationale) pour une assemblée aux pouvoirs limités. L'assemblée élue le même jour aura pour mission d'élaborer une nouvelle Constitution [9] fixant le fonctionnement des institutions françaises et les droits des citoyens.

Les résultats des urnes transforment le paysage politique national. Les partis issus de la Résistance ou revivifiés par elle (PCF,SFIO, MRP) sortent largement vainqueurs. Le parti communiste devient le premier parti de France, la gauche dans son ensemble (PCF, SFIO, Radicaux et UDSR) domine l'assemblée constituante avec 362 députés (soit 60% des voix), le MRP, nouvel arrivant sur l'échiquier politique français, obtient près de 26% des voix.

Le département des Deux-Sèvres ne suit que très modérément la tendance nationale : si la SFIO est, pour la première fois, le premier parti des Deux-Sèvres (31 % des voix) la droite conservatrice, qui s'érode à l'échelle nationale (seulement 14 % des voix), reste fortement implantée dans le département (28,4 % des voix). Le PCF, traditionnellement peu puissant, ne réalise que la moitié de son score national (13,4 % contre 26,1 %). Le MRP totalise 20 % des voix.

Le glissement à gauche se confirme avec la forte poussée de la SFIO et l'apparition notable des communistes. La droite conservatrice joue un rôle important dans le paysage politique départemental sur le territoire du Bocage.

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­­Extrait du Courrier de lOuest du 22 octobre 1945 concernant les élections des députés en Deux-Sèvres © Archives Départementales des Deux-Sèvres [11]

Extrait du Courrier de l'Ouest du 22 octobre
1945 concernant les élections des députés
en Deux-Sèvres © Archives
Départementales des Deux-Sèvres

Liste des députés deux-sévriens élus le 21 octobre 1945

- Emile Bêche, maire de Niort, SFIO

- Emile Poirault, maire de Thouars, SFIO

- André François Mercier, MRP

- Clovis Macouin, conseiller municipal de Parthenay, Parti Républicain de la Liberté

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